Abstract:
D’un point de vue géographique, la lagune de Venise n’a que peu en commun avec les baies principales de la Bretagne septentrionale, si ce n’est son ouverture sur la mer. Les deux réalités étudiées ont pourtant en commun leur soumission à l’action des marées qui a poussé les populations littorales à développer des savoirs et des techniques de pêche traditionnelles d’une très grande richesse et qu’ils ont su faire évoluer au cours du temps pour mieux les adapter aux caractéristiques du milieu.
Les différentes formes de récolte et de pêche, l’élevage des moules en particulier, ont entraîné une domestication et une anthropisation de ces zones. En Bretagne, tout comme à Venise, la valorisation de la moule en tant que ressource alimentaire et économique est assez tardive.
Que ce soit dans les sources bibliographiques ou durant l’enquête réalisée sur le terrain, notre recherche nous a permis de repérer des allusions fréquentes à la toxicité présumée de ce mollusque, à Venise appelé « peòcio » c’est-à-dire « pou » et considéré non comestible. Quels mécanismes qui ont métamorphosé la moule en un aliment aujourd’hui apprécié et recherché ? Et comment des zones, autrefois très pauvres se sont transformées, en des lieux renommés pour la production de moules ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons entrepris la reconstruction de l’histoire de la mytiliculture.