La Première Période intermédiaire égyptienne est souvent perçue comme une époque de crise de l’autorité royale, de morcellement politique du pays et de perte des valeurs éthiques traditionnels. Cette recherche a l’ambition de vérifier l’état de ce changement dans l’organisation sociale à travers le prisme de l’histoire institutionnelle. Les sources primaires analysées sont principalement les textes commémoratifs des notables des villes et des membres de leur maisonnée : il s’agit de titres, d’épithètes et de récits autobiographiques qui révèlent comment les rangs supérieurs de la société définissaient leur autorité, c’est-à-dire leur pouvoir et leur prestige. L’étude de leurs fonctions et de leur comportement dans quatre secteurs administratifs (l’administration centrale, territoriale, l’administration des palais et des temples) et dans le domaine privé permet de conclure que la Première Période intermédiaire ne représente pas une césure nette avec le passé. En revanche, l’augmentation des centres ayant leurs propres ateliers qui produisent des monuments inscrits offre une photographie inédite sur les sociétés urbaines et sur les liens que les élites de province entretenaient avec la capitale à la fin du IIIe millénaire. Des aspects caractéristiques de la Première Période intermédiaire, comme l’importance des activités militaires, sont aussi envisagés.
Egypt's First Intermediate Period is often portrayed as a time of crisis of the royal authority, political fragmentation, and loss of traditional ethical values. The aim of this research is to assess the features of this transformation in the social organization, through the lens of institutional history. The primary sources analysed are chiefly the commemorative texts of the towns' dignitaries and the members of their households; they includes titles, epithets, and autobiographical records that reveal how the higher ranks of society defined their authority, i.e. their power and prestige. The study of the roles and behaviour of these individuals within four administrative areas (i.e. central, territorial, palace, and temple administration) and in the private domain makes it possible to conclude that the First Intermediate Period does not constitute a clear break with the past. On the other hand, the increase in the number of centres that were provided with their own workshops for the production of inscribed monuments offers a new view of the contemporary urban societies, and of the link that the provincial elites maintain with the capital at the end of the 3rd millennium. Some features distinctive of the First Intermediate Period (for instance, the importance of military activities) are also considered.