Abstract:
Dans mon mémoire, je me suis proposée d'étudier le métissage dans la société caribéenne postcoloniale, notamment à Haïti. Après une première analyse des origines historiques et mythologiques de ce phénomène social et culturel, je me suis arrêtée sur la production littéraire liée à la figure du métis qui, dès le début, a fait l'objet de clichés négatifs, aussi bien physiques que moraux. Cependant, à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, certains auteurs haïtiens ont commencé à consacrer leur plume à la défense du mulâtre : l'un des exemples les plus représentatifs de cette tendance nouvelle a été Amour de Marie Vieux-Chauvet, la première partie de la célèbre trilogie Amour, Colère et Folie, qui l'a condamnée à l'exil à New York en 1968.
Journal intime de Claire Clamont – une mulâtresse à la peau foncée –, ce roman nous permet de comprendre la souffrance du personnage, son sentiment de n'appartenir à aucun groupe social, et donc l' « exil perpétuel » auquel se condamne elle-même, à cause de l'ambiguïté de sa nature.
Cet ouvrage, souvent interprété comme le chemin de l'héroïne métisse vers la prise de conscience de sa propre identité, représente au contraire son parcours vers l'auto-mutilation, suite à l'incapacité d'accepter sa double nature à la fois européenne et africaine.