Abstract:
Ce mémoire a pour objet celui de proposer une traduction féministe du français et du joual vers l’italien et le vénitien de la pièce théâtrale Les Fées ont soif, écrite par Denise Boucher et mise en scène pour la première fois à Montréal, en 1978. Cette traduction sera réalisée à la lumière des théories découlant des feminist translation studies des années 1980, permettant de rendre visibles les aspects sexistes de la langue d’arrivée, tout en donnant un rôle central à la traductrice.
Tout au long du mémoire, nous utiliserons une terminologie qui souhaite être conforme – autant que possible – au contexte québécois et à l’idéologie féministe qui milite pour une langue féminine.
Dans le premier chapitre, nous analyserons la pièce et son contexte historique, culturel et artistique. Nous retracerons ainsi l’histoire du Théâtre du Nouveau Monde – qui accueille l’œuvre de Boucher pour sa première mise en scène – et de « l’affaire des fées » le débat international concernant la censure de la pièce. Ensuite nous réaliserons une analyse critique des Fées ont soif, afin de comprendre en profondeur le texte, ses personnages et les thèmes développés. Enfin, une attention particulière sera réservée à l’observation de la langue employée pour créer un moyen d’expression au féminin, ce qui nous permet de parcourir l’histoire des théories féministes québécoises concernant l’écriture au féminin et la traduction féministe.
Le deuxième chapitre accueillera le texte traduit du français et du joual vers l’italien et le vénitien, suivi par le troisième chapitre, où nous réaliserons une analyse attentive des choix de traduction. Nous nous attarderons sur les problèmes principaux du processus de traduction notamment en relation au genre du texte qui, en tant que pièce théâtrale, est conçu pour la mise en scène. Nous aborderons ainsi la question du joual et des spécificités québécoises qui apparaissent dans le texte. Ensuite, nous parcourrons les points du texte posant des défis en relation à la langue poétique et à la structure des sept chansons du texte. Finalement, nous étudierons l’impact d’une approche féministe en traduction, tout en adaptant une pièce féministe pensée pour un contexte culturel de départ à un contexte culturel d’arrivée. À cet égard, nous exploiterons en particulier le dialecte du territoire vénitien – en mettant en lumière ses aspects sexistes – et la chanson italienne.
En guise de conclusion, nous réaliserons une réécriture du texte, recodé au sein du territoire vénitien, visant une mise en scène capable de détecter et dévoiler le sexisme à l’intérieur d’une culture et de deux langues – l’italien et le vénitien – en plus de revendiquer la possibilité de parler une nouvelle langue féminine.